Un bateau fantôme
- Nicolas Voirin
- 6 nov. 2024
- 2 min de lecture
Je suis un navire abandonné. Livré à moi-même, je dérive, emporté par le vent, les vagues et le temps. Solitaire dans l’immensité de la mer, j’attire des esprits de toutes sortes : animaux, anges, démons, qu’ils soient maléfiques ou blessés. Ils montent à bord, et avec eux, je traverse les dimensions.
Beaucoup de navires, encore capables de flotter et d’être portés jusqu’à une terre isolée, disparaissent inexplicablement. Pourquoi ? Parce que la mer est l’un des derniers lieux où le monde des esprits conserve tous ses droits.
Pour les marins mal préparés ou sceptiques, cette réalité peut être fatale. La superstition est leur seule défense pour garder leur esprit intact, car en mer, les esprits mettent à rude épreuve la psyché humaine. La folie y est bien plus fréquente que sur terre.
Il arrive que des navires franchissent des portails vers des dimensions parallèles, souvent sans s’en apercevoir immédiatement. Ces portails obéissent à des lois mystérieuses, guidant parfois un équipage vers une autre réalité avant de les ramener.
Mais certains bateaux reviennent changés. Transformés en navires fantômes, ces vaisseaux ont développé une conscience malsaine, animés par une malice née de leur voyage dimensionnel. De simples outils, ils deviennent des objets incarnés, des morts-vivants des mers.
Nous, navires fantômes, sommes partout. Nous espionnons, transgressons, enlevons, et semons la peur. Un jour viendra où nous serons une armada sortie de l’outre-monde, naviguant parmi vous avant de disparaître à nouveau sans explication.
Nous sommes malveillants, et nous continuerons à l’être. Prenez garde, marins : nous sommes proches.
Un simple bateau de pêche peut disparaître après avoir croisé un immense navire de guerre et disparaître sans laisser de traces. C’est la loi de la mer, un rappel que l’océan est un lieu où les frontières entre les mondes sont floues, et où le danger n’est jamais loin.
