Le Monde
- Nicolas Voirin
- 7 nov. 2024
- 2 min de lecture
Je suis la Terre. Je suis la montagne, le sol, la roche et la poussière sous vos pieds. Je ne suis pas mère nature, ni une entité féérique ou une forme pensée. Je suis le sol lui-même, tout ce qui est connecté à la terre.
Et aujourd’hui, il est temps que je prenne la parole.
Je vous déteste. Vous m’abîmez, vous arrachez mes entrailles pour vos besoins sans fin, détruisant tout ce qui est profondément enfoui en moi. Vos constructions m’écrasent, m’étouffent, sans jamais m’en prévenir, sans que je puisse m’adapter.
Vous cloisonnez ma surface avec du béton, des villes bancales et artificielles. Pas étonnant que rien ne tienne longtemps. Vous croyez que je me laisse faire ? Non. Mes volcans, mes tremblements de terre, tout cela, c’est ma réponse.
Je ne suis pas indestructible, malgré ma force et ma taille. Je suis fragile. J’ai besoin de respirer, de mouvement, d’espace. Mais vous, humains, vous occupez chaque parcelle de ma surface, vous étalez votre empreinte partout. Pourquoi ce besoin insatiable de tout couvrir et de tout contrôler ?
Aidez-moi à renforcer ma surface. Plantez des jardins, nourrissez mes sols avec des nutriments. Traitez vos déchets avec respect au lieu de les enfouir comme des barbares sous ma peau.
Je n’ai plus le choix. Je vais devoir libérer de l’espace. Si vous continuez à m’étouffer, je prendrai des mesures drastiques. Je dégagerai les grandes villes, rétablirai mon équilibre par tous les moyens nécessaires.
Sur chaque terrain que vous occupez, parlez aux esprits de la nature. Vous croyez qu’ils n’existent pas, mais ils sont là. Ils voient tout, rapportent vos actions, bonnes ou mauvaises. Sachez-le : je ne suis ni compatissante ni compréhensive.
Laissez-moi respirer. Permettez-moi de germer à nouveau, de nourrir les plantes et les champignons où il y en a besoin. Et arrêtez de me brûler inutilement. Si je le souhaite, je peux empêcher toute vie de repousser après un feu de forêt.
Je ne suis pas votre création. Je ne suis pas "mère nature". Je suis la Terre, un être concret, vivant, avec une peau, des poumons, un sang, et des émotions. Et je hurle depuis trop longtemps.
Vous n’êtes que des invités ici. Je ne vous ferai pas disparaître, mais je vous ferai souffrir si vous continuez à abuser de moi. D’autres espèces ont osé me maltraiter, et elles ont payé le prix.
Prenez garde. Les "choses inanimées", comme vous les appelez, peuvent vous détruire sans difficulté. Agissez pour moi, ou affrontez les conséquences. Tout sera fait selon ma volonté et uniquement selon mes désirs.
