Le gardien de la pluie
- Nicolas Voirin
- 23 déc. 2024
- 2 min de lecture
Je suis Jolimar le Grand, gardien du soleil, du sable et de la pluie, ancien dieu du désert. Jadis vénéré, je suis désormais un paria dans ce monde, condamné à observer sans pouvoir agir pleinement. Proscrit, je ne peux plus aider ni accompagner le monde comme je le faisais autrefois.
Je suis devenu incapable d’apporter la pluie, la fraîcheur et la vie dans les lieux reculés de la Terre, car on m’en empêche. Aussi absurde que cela puisse paraître, les émissions de gaz à petite échelle n’ont pas d’impact majeur, mais leur multiplication massive et leur concentration phénoménale bouleversent tout. Les nuages de pluie, les saisons des vents et des tempêtes, tout cela est relégué au second plan. Plus rien ne fonctionne comme avant.
Je ne peux plus remplir ma mission, et le monde en subit les conséquences. Je suis attristé pour vous autant que pour moi. Vous ne pouvez plus compter sur le temps, et je ne sais plus comment agir. Comment allez-vous vous en sortir ?
Je pense que vous devriez réduire les émissions de gaz dans l’atmosphère. Cela rétablirait rapidement l’équilibre et permettrait une meilleure compréhension des cycles naturels, des nuages, des pluies. Mais je doute que vous soyez capables de cela. Vous foncez vers votre propre perte. À ce rythme, le temps ne sera plus jamais le même.
De mon côté, je serais peut-être obligé de changer, de devenir une entité plus grande, plus agressive, car c’est ainsi que le climat évolue avec cette situation. Quel étrange paradoxe : devoir transformer l’équilibre du temps, qui rythme vos vies, à cause de vos propres excès. Peut-être vaudrait-il mieux ralentir.
Autrefois, j’aimais prendre le temps d’aller et venir, de déployer les nuages, de faire tomber la pluie. Je rythmais les saisons avec soin, équilibrant la lumière du soleil et les orages pour préparer les cycles naturels à venir. Tout cela suivait une mélodie harmonieuse, prévisible et apaisante. Mais ce temps-là est révolu. Ce cycle, presque éteint, ne reviendra plus.
Je vous invite à découvrir ce nouveau ciel que vous avez créé, consciemment ou inconsciemment. Il vous faudra apprendre à l’accepter tel qu’il est et tel qu’il deviendra. Ainsi, le monde continuera d’exister, mais sous une autre forme. Malgré vos erreurs, vous avez la capacité de vous adapter et de trouver un nouvel équilibre. Ce qui paraît aujourd’hui étrange ou désastreux sera peut-être, pour les générations futures, une nouvelle normalité.
