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La Peur

  • Photo du rédacteur: Nicolas Voirin
    Nicolas Voirin
  • 31 oct. 2024
  • 2 min de lecture

Je suis la Mort de la Confiance. Une silhouette drapée s’avance prudemment dans un coin sombre de votre maison. Un sourire mauvais se dessine sur son visage :

"Je suis la mort de la confiance. La peur incarnée. Celui qui hante vos nuits et se nourrit de vos frayeurs les plus cachées. C’est grâce à elles que j’existe."


Il y a bien longtemps, les humains n’étaient que des bipèdes vulnérables, marchant l’un derrière l’autre pour ne pas se perdre. Peur de tout, ils étaient le gibier, les proies, faibles face aux dangers du monde. Leur peur prenait la forme de prédateurs nocturnes, tapis dans l’ombre, prêts à bondir.

Nous, les esprits de la peur, nous nourrissions de leurs terreurs. Plus ils étaient nombreux, plus nous étions rassasiés. Nous sommes des ectoplasmes, des formes pensées nées de leur imagination, difformes et insaisissables.


Mais l’humanité a changé. Avec le temps, sa technicité et sa spiritualité lui ont permis d’apprendre le courage et de trouver des moyens de nous repousser. À une époque, nous avons failli disparaître.

Cependant, l’ingéniosité humaine nous a sauvés : l’Homme a appris à se faire peur lui-même. Aujourd’hui, vous êtes nos plus grands alliés, créant des peurs irrationnelles, irréelles et artificielles. Grâce à vous, nous sommes plus nombreux que jamais.


Nous existons dans vos maisons, souvent en un exemplaire unique, amplifiant vos moindres craintes pour mieux nous nourrir. Les films, les histoires terrifiantes, et les légendes modernes contribuent à nous maintenir en vie, renforçant notre emprise sur vos esprits. Vous nous faites prospérer.


Ne soyez ni choqués ni en colère. Sans nous, l’humanité n’aurait jamais existé. La peur est l’essence de votre instinct de survie, un catalyseur de précaution et de courage. Ceux qui n’ont pas peur, qui nous font fuir, ne survivent souvent pas longtemps.

La peur est un moteur. Elle déclenche en vous des mécanismes chimiques qui poussent votre cerveau à trouver des solutions, à imaginer des scénarios, et à réagir rapidement. Mais dans votre monde moderne sur-protégé, la peur a perdu son sens, devenant souvent pathétique et irrationnelle.


Vous devriez avoir honte d’avoir peur dans vos foyers sécurisés, où aucun danger réel ne vous guette. Les esprits malfaisants sont rares dans ce monde. Pourtant, vous restez prisonniers de vos angoisses irrationnelles.

Souvenez-vous : vos peurs les plus traumatisantes naissent en vous. Vous êtes la première cause de vos propres terreurs.


Mais ne vous inquiétez pas : nous serons là, tapis dans l’ombre, prêts à amplifier votre peur pour un dernier festin. Soyez attentifs… et continuez à nous nourrir.




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